À l'Hôpital Paul-Brousse, on pense le futur des blocs opératoires

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À l'Hôpital Paul-Brousse, on pense le futur des blocs opératoires

À l'Hôpital Paul-Brousse, on pense le futur des blocs opératoires

Eric Vibert est Professeur au Centre Hépato-Biliaire de l’Hôpital Paul-Brousse à Villejuif.

Avec une équipe pluridisciplinaire, il s’est engagé dans des projets au long cours pour faire évoluer l’écosystème des blocs opératoires. Leur but : faire dialoguer les sciences humaines et la technologie pour trouver des solutions au service des praticiens et des patients.

 

LA CHAIRE INNOVATION « BLOC OPÉRATOIRE AUGMENTÉ »

 

La Chaire d’Innovation BOpA est composée d’une équipe pluridisciplinaire, alliant des professionnels de santé, chirurgiens, anesthésistes et personnel paramédical, ainsi que des experts en sciences humaines et sociales et en mathématiques. Leur objectif est d’identifier les besoins au sein des différents blocs opératoires de l’Hôpital Paul Brousse et plus spécifiquement ceux liés à la chirurgie hépato-biliaire et pancréatique.

 

Un lieu de 150 m2 et un bloc opératoire factice avec des outils d’intelligence artificielle sont mis à leur disposition. L’espace est également situé à proximité d’un vrai bloc opératoire où peut se prolonger l’expérimentation des solutions.

 

BOpA a deux objectifs : Premièrement, modifier la manière de faire de la chirurgie, en captant les données du bloc opératoire qui sont peu utilisées tant du côté des malades que du chirurgien, des anesthésistes et du personnel paramédical. Cela pour essayer d’améliorer la sécurité des soins, en ayant la capacité de comprendre les moments où il y a des problèmes et de l’inattendu et d’identifier les situations où le personnel du bloc pourrait avoir besoin d’aide. Le deuxième objectif est “d’augmenter” le personnel médical du bloc, en lui permettant de travailler avec des outils issus des technologies numériques.

 

Cette chaire d’innovation s’articule autour de cinq entités thématiques dites “blok” : Human factors (l’anthropologie du bloc), IoT (l’internet des objets), Data Stream (la gestion des flux de données), Green (l’approche écologique) et Data Collection (la sécurisation des données). Chaque entité ayant plusieurs groupes de travail engagés dans une problématique précise.

 

Ainsi, le Blok Human factors qui interroge l’anthropologie du bloc, questionne par exemple la communication entre le médecin et le malade : “Comment améliorer la communication médecin/ malade pour pouvoir permettre aux cliniciens d’apporter, non pas de l’information médicale, mais de la connaissance ?” explique Eric Vibert. Et d’ajouter : “Les médecins ont dû mal à expliquer très précisément ce qu’ils vont faire, et faire comprendre le principe d’incertitude. En fait, les médecins ont des situations deplus en plus complexes à gérer en termes de décision. Avant, pour un malade qui avait un cancer du foie, il n’y avait pas d’autres solutions que la chirurgie. Maintenant, il existe beaucoup plus de solutions : la chirurgie, la destruction locale, la radiothérapie, etc. La décision est donc plus difficile à prendre qu’avant et expliquer au patient pourquoi le médecin choisit telle opération plutôt qu’une autre est très important.”

 

L’une des expérimentations appliquées s’appuie sur la comparaison entre deux méthodes d’explication : les dessins à la main et l’utilisation d’une application dédiée de simulation de chirurgie hépatique.

 

Le groupe s’interroge également sur cette question : qu’est- ce qu’un bloc opératoire qui fonctionne bien ? En utilisant l’intégrateur de données, véritable “boîte noire” du bloc opératoire, comment être capable de mesurer la performance du bloc ?

 

Un projet débutera à ce sujet en septembre 2023. L’expérimentation consistera à pouvoir utiliser un système caresyntax avec l’objectif d’intégrer l’ensemble des données du bloc sur une même ligne de temps, pour tous les acteurs du bloc.

 

Le Blok-Avatar porte une réflexion sur la réalité augmentée, en expérimentant notamment l’utilisation de jumeaux numériques qui correspondent à des représentations numériques, anatomiques, hémodynamiques et organisationnelles. “L’objectif c’est d’être capable d’utiliser une représentation du réel de manière numérique, qui puisse être un référentiel commun pour pouvoir prendre des décisions face à un problème”, explique le Professeur Vibert.

 

BOpA fonctionne avec un écosystème de Réseau universitaire et de recherche : l’APHP, l’Institut Mines-Telecom, l’Université Paris-Saclay, la Chaire Humanité et Santé du CNAM et l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria).

 

Cette chaire est à la fois un lieu où l’on fait de la recherche dans le domaine des sciences humaines et sociales et un lieu d’innovation. Les solutions recherchées existent parfois déjà sur le marché. Dans ce cas, des rencontres entre le monde industriel et des professionnels du bloc opératoire sont organisées, pour évaluer les besoins. Lorsque ces échanges sont concluants, une phase de prototypage débute. S’ensuit un co-développement, en s’appuyant sur un mécénat financier et de compétences.

 

DE BOPA AU CAMPUS BOPEX

 

Le but d’Eric Vibert était aussi de faire profiter les 38 hôpitaux de l’AP-HP de l’expérience acquise au sein de la Chaire Innovation BOpA de Paul Brousse.
Il a donc créé le Campus BOpEx, un consortium associant l'AP-HP, les différentes universités franciliennes et Medicen, pour structurer et fédérer dans un tiers-lieu, l’innovation au bloc opératoire.

 

Plus précisément, ce campus permet d’évaluer des solutions numériques pour le bloc opératoire en réalisant des tests d’acceptabilité, d’utilisabilité et d’optimisation pour tous les blocs opératoires de l’AP-HP. L’objectif à moyen terme étant de donner un label “Tiers-lieu d’Expérimentation Numérique” à un objet qui a été avant ou non pré-évalué dans BOpA, avec derrière un objectif d’aider au développement de l’objet.

 

Le Campus BOpEx sera bientôt installé sur le site du Campus Broussais (Hôpital Broussais, Paris 14ème), à proximité de la future École de chirurgie mais aussi de la plateforme d’impression 3D de l’AP-HP, nécessaire pour avancer dans des prototypages de solutions technologiques.

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